Zones de rencontre dans les quartiers commerçants – SVI
Raport final
Rapport final Projet de recherche SVI, novembre 2022, 133 pages
Le projet analyse les zones de rencontre dans les quartiers commerçants, sur route principale avec transports publics. Il s’intéresse principalement à l’exploitation des transports publics, mais également aux différents modes de transports et à leur cohabitation ainsi qu’à l’attractivité sociale des zones aménagées en tant que centralités de quartier. L’état des lieux et l’analyse ont permis de formuler des recommandations et de proposer un outil synthétique d’aide à la planification.
Objectifs de recherche
Identifier les critères pertinents guidant le réaménagement des centralités commerçantes, en anticipant les éventuelles difficultés qu’un important trafic motorisé ou la présence de bus peuvent générer.
Analyser les effets des zones de rencontre dans les quartiers commerçants, sur route principale et/ou avec transports publics :
- sur l’exploitation des transports publics ;
- sur les différents modes de transports et leur cohabitation ;
- sur l’attractivité sociale des zones aménagées en tant que centralités de quartiers.
Méthodologie et approche
Etat des lieux juridique, des pratiques cantonales en matière de zone de rencontre, synthèse des études et de la littérature suisse et internationale.
Quatre thématiques principales :
- Forme, fonction et aménagement des zones de rencontre
- Impact des zones de rencontre sur les transports publics
- Relation entre volumes de trafic, parts modales, sécurité et cohabitation de la zone de rencontre
- Attractivité sociale des zones de rencontre dans les quartiers commerçants
Sur la base d’un tableau des zones de rencontre en centralités commerçantes existantes en Suisse, les six cas pratiques suivants ont été retenus pour des études de terrain (1 Fiche pour chaque cas):
- Rotkreuz, Kreuzplatz (route cantonale, contexte de centre ville, traversée par les bus)
- La Neuveville, Grand-Rue (route cantonale, contexte de vieille ville)
- Sion, Place du Midi (route principale, contexte de centre ville)
- Bienne, Place centrale (interface bus, contexte de centre ville, TJM > 10’000 véh./jour)
- Yverdon-les-Bains, Place de la gare (contexte de gare, avec arrêts de bus)
- Burgdorf, Lyssachstrasse (contexte de gare, avec arrêts de bus)
Méthodes : comptages, observations in situ, entretiens avec les responsables communaux et les exploitants TP et analyse de données existantes (rapports, situation avant/après).
Synthèse
Cette recherche montre qu’il est possible de recourir au régime de zones de rencontre dans les quartiers commerçants pour concrétiser des objectifs de revalorisation urbaine, et ce y compris lorsque le trafic journalier moyen (TJM) y est important, ou que l’endroit est fréquenté par des transports publics urbains routiers (bus).
La répartition modale, soit le rapport proportionnel entre modes motorisés et non motorisés, n’a pas d’impact sur la sécurité et la cohabitation, au sens de potentiels conflits et de mise en danger des usager·ère·s. Les zones de rencontre ont un effet positif sur la sécurité, la liberté de déplacement à pied et la qualité de séjour (interactions, ambiance, détente). La présence de passant·e·s au profil varié bénéficie aux activités et destinations multiples qui caractérisent les quartiers commerçants.
L’étude a montré que le régime de zone de rencontre est envisageable indépendamment de la longueur et de la forme de la zone. Si les tronçons de rue sont longs, le régime fonctionnera si la densité de traversées de piétons est élevée sur toute la zone et que les affectations sont bien réparties de part et d’autre du tronçon. On ne peut pas constater d’influence de l’aménagement (à niveau ou pas) sur l’appropriation de la zone, par contre, les questions de visibilité entre les usager·ère·s sont importantes.
Aucun enjeu particulier de sécurité routière ne ressort de l’analyse de cas des zones de rencontre avec les TJM les plus élevés (Rotkreuz, Yverdon-les-Bains ou Bienne). Certaines recommandations ou points de vigilance permettent toutefois d’atténuer les impacts négatifs ressortis comme déterminants de l’analyse, pour faire les meilleurs choix d’aménagement et de gestion de la mobilité.
L’analyse de zones de rencontre traversées par des bus (comme à Rotkreuz, Yverdon-les- Bains ou Bienne) montre que ces dernières sont fonctionnelles. Ici aussi des possibilités d’optimisation ressortent, par exemple au niveau de la localisation des arrêts, et particulièrement pour les zones de gares, où les flux piétons sont importants.
Le régime de zone de rencontre implique des comportements vigilants de l’ensemble des usager·ère·s, ce d’autant plus que la part de trafic motorisé est importante en nombre absolu. Les piétons par exemple traversent en s’insérant entre les bus et voitures, adaptant l’allure de leur pas, et accordent fréquemment la priorité aux bus. La situation correspond ainsi à l’un des objectifs visés lors de l’introduction de zones de rencontre, qui est de redonner de la place aux autres modes que les modes de transport individuels motorisés, sans pour autant exclure ces derniers.
Une certaine qualité d’espace public en termes de séjour et d’interactions a été observée dans l’ensemble des zones de rencontre étudiées, malgré la présence parfois importante de trafic motorisé. L’impact du trafic routier se ressent particulièrement au niveau du bruit et de la séparation des espaces circulés et non circulés.
Recommandations
Sur le plan juridique:
- Les conditions locales (p.ex. centralité commerçante) peuvent justifier l’instauration d’une zone de rencontre (et non seulement la sécurité ou la protection de l’environnement).
- L’ordonnance pourrait autoriser les zones de rencontre sur des tronçons de route principale sous certaines conditions.
- Il est possible d’envisager, si la route mise en zone de rencontre est empruntée par des transports publics urbains, de déroger à la règle de la priorité de droite si les conditions locales le justifient.
Pour la planification de zones de rencontre dans les quartiers :
Forme, fonction, aménagement :
- Permettre des traversées réparties sur toute la zone.
- Offrir un dégagement visuel suffisant pour les usager·ère·s.
- Intégrer des espaces appropriables en dehors de l’espace circulé.
- Limiter les places de stationnement pour voitures au sein de la zone de rencontre et prendre en compte les besoins en stationnement dans un périmètre plus large.
Transports publics :
- Veiller à ce que les éléments de modération ne soient pas contraignants pour la circulation des bus et n’impliquent pas de manœuvres inutiles ou complexes.
- Garantir la visibilité (notamment liée aux véhicules stationnés) et signaler la présence des bus.
- Localiser les arrêts de bus en dehors des principaux flux piéton
- Prendre en compte la zone de rencontre dans la planification TP globale de l’horaire des transports publics
Attractivité :
- Répartir l’espace autant que possible en faveur de la marche et du séjour.
- Garantir de nombreuses destinations de part et d’autre de la rue.
- Aménager des espaces de séjour qui offrent des espaces d’attente et de rencontre et qui tiennent compte des lignes de désir et des pôles d’attraction.
- Considérer la présence, les besoins et les capacités de groupes particuliers (ex. écoliers, personnes en situation de handicaps visuels, etc.).
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